Découverte de Louvergny - l'église

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L’église de Louvergny, remarquable par son clocher de pierre que l’on découvre de loin quand on arrive de la grande route, ne s’est pas toujours dressée au centre du village. L’église actuelle est de construction récente et a succédé à une église romane du XIIe siècle, de plan basilical, qui était un peu à l’écart du village en plein milieu du cimetière. En mauvais état dès avant la Révolution, cette église aujourd’hui disparue était dotée d’un portail flanqué de pilastres et d’un clocher surmonté d’une flèche en ardoise d’une forme hexagonale plutôt originale. Un instituteur de Louvergny du XIXe siècle a laissé un croquis qui donne une bonne idée de l’aspect que pouvait avoir cet édifice quelques décennies avant sa destruction. L’église actuelle, de style néo-gothique, est due à l’architecte Jean-Baptiste Couty.

louvergny 8Bénie en 1896 par le cardinal Langénieux, archevêque de Reims, elle a été entièrement financée par un riche filateur de Rethel originaire de Louvergny, Noiret, qui venait de perdre son fils et qui dédia à sa mémoire, ainsi que le rappelle une inscription audessus du portail, l’église  nouvellement construite. Un vitrail de l’abside, derrière l’autel, représente Hippolyte Noiret, ce fils mort prématurément, qui était normalien et élève de l’école française de Rome quand il décéda brutalement à Venise le 9 janvier 1888 à l’âge de 22 ans. La paroisse de Louvergny a pour patron saint Nicaise, l’évêque de Reims décapité par les Vandales vers 407. Une statue de bois et un bas-relief polychrome représentent le saint en train – miracle couronnant son martyre – de porter sa tête détachée de son corps pour rejoindre son tombeau. Dans l’église, d’autres statues honorent saint Guillaume, qui avait un prieuré à Louvergny (1249-1643), et saint Roch, qui possède une chapelle et qui avait son pèlerinage le 16 août. Les deux cloches de l’église, enlevées par les Allemands au cours de la Première Guerre Mondiale, ont été remplacées en 1922 : l’une, Henriette Louise Marie, a pour parrain le maire de l’époque; l’autre, baptisée Alberte Louise, a pour parrain le commandant Sarcelet. Toutes deux ont été fondues par Chambon, de Montargis (Loiret). Avant la Révolution, les curés de Louvergny étaient désignés par l’abbé de Saint-Vincent de Laon. On connaît le nom de plusieurs d’entre eux. Le plus ancien dont le nom nous soit parvenu est Remy Favereaux (1539) ; il était épaulé par un chapelain, Jehan Belhommet, noble comme lui, et par un conseil de fabrique. En 1678, le curé Nicolas Brigot, originaire de Donchery, se plaint d’un dénommé Hubinois qui l’accable d’injures. Au XVIIIe siècle, on trouve les noms de Pierre Prévost, dont la soeur enseigne gratuitement aux filles de la paroisse, d’Hilaire Varin décédé le 17 décembre 1782, puis de Nicolas Adam, qui émigre à la Révolution. Louvergny accueille alors un curé jureur, Charles Humblot, ancien cordelier de La Cassine, qui se retire à Montgon en 1794. Si l’on retient le nom d’autres curés éminents (Nicolas Vitter, Emmanuel Bouchez), c’est l’abbé Marchand, le dernier à résider à Louvergny, qui a davantage marqué les deux derniers siècles. Le 30 août 1914, quand les Allemands arrivèrent à Louvergny. il sonna l’angélus au moment où un coup de feu venait de saluer leur passage à la Haute- Louvergny. Souffleté et frappé au visage à coups de talon, le curé de Louvergny était laissé pour mort par les Allemands, mais survécut. Sur une ancienne photographie, il apparaît sur le seuil de son église : la population de Louvergny assiste à l’inauguration du monument aux morts élevé juste devant l’église. Aujourd’hui, l’église de Louvergny bénéficie de toutes les attentions. Dernièrement, une partie du sol de l’allée centrale de la nef a été refaite. Deux années de suite, dans la foulée des concerts de musique classique et de chant lyrique qui se donnent dans l’église depuis 1995, des mécènes et des bénévoles se sont attachés à entretenir et à réparer le bâtiment, qu’il s’agit, avec patience et méthode, de démousser, gratter, colmater et protéger.

Florent SIMONET