Voici un bref historique du Domaine de Maison Rouge, qui retrace une synthèse d’éléments recueillis au fil des lectures du « Dictionnaire historique de l’arrondissement
de Vouziers » par le D. Guelliot (Tome1), du « Curieux Vouzinois » n°11 rédigé par M. Coistia et de divers articles de revues d’histoire locale.
L’origine du domaine se situe vers 1330 lorsqu’un certain Gilles de RODEMACH, alors ennemi de la ville de Reims et du roi de France, fait bâtir une place forte sur les limites du territoire de l’Archevêque de Reims. Celle-ci est constituée de deux mottes artificielles fortifiées (Rodemach et Rougemare) distantes de quelques centaines de mètres. Ces maisons fortes présentes en ce lieu ne relèvent alors d’aucun suzerain.
Un réseau de fossés défensifs et des étangs sont creusés à proximité des deux constructions.
Avant de se dénommer Maison- ouge, le domaine s’est appelé primitivement Acy ou Assy probablement en lien avec le seigneur propriétaire au début du XVIème siècle. Vers 1610, Claude THIRET (alors seigneur d’Acy) fait bâtir un nouveau château plus grand et plus imposant au centre du domaine, à mi-distance entre les deux constructions d’origine.Ce château bâti en briques rouge se dénomme « La Maison Rouge d’Assy ».
Par le jeu des mariages, des successions et des ventes, le domaine de Maison Rouge et le territoire des « Alleux de Marcelot » deviennent la propriété d’une seule personne. Bien qu’appartenant au même suzerain, les seigneuries des Alleux et de Maison-Rouge étaient bien distinctes puisqu’elles étaient régies par des coutumes différentes et ne répondaient pas aux mêmes usages (en raison de leurs origines aux confins de deux territoires).
A l’époque, elles sont séparées par un fossé.
Le château et le domaine changent plusieurs fois de propriétaires entre la fin du XVIIème siècle et 1853. Les familles de Thiret, Collard, Collard de Ville et Rivals de la Salle se succèdent à la tête du domaine.
Certains anciens propriétaires reposent encore au cimetière des Alleux.
En 1853, les héritiers Rivals de la Salle vendent le domaine à M. de Grandchamp qui le rétrocède la même année à trois propriétaires (Mrs. Parent, Schaken et Blin) qui exploitent les bois du domaine pour répondre au chantier de construction de la ligne de chemin de fer de Reims à Sedan.
En 1868, Eugène de Grandrut se rend acquéreur du domaine.
Il s’engage dans l’aménagement du domaine et lance la construction d’un nouveau château, à l’arrière de l’ancien (détruit une fois le nouveau château habitable). L’implantation de plusieurs briqueteries permit, en plus de la construction du nouveau château, de réaliser le mur d’enceinte.
C’est une période où le domaine se développe et prospère.
D’autres constructions et aménagements agrémentent le domaine, des plantations sont réal i sées , des animaux (notamment des daims) sont introduits. La famille de Grandrut participe à la vie de la commune des Alleux. M. de Grandrut est maire de la commune en 1870. Sa femme et ses enfants offrent au village l’église actuelle et la chapelle Ste Geneviève à la fin des années 1890.
En 1910, le domaine est vendu aux familles Barbeaux et de Tassigny.
En raison d’une clause du contrat de vente, Léon de Tassigny devient l’unique propriétaire en 1912. Le château sert de QG à l’armée allemande lors de la 1ère Guerre Mondiale. Il recevra la visite de l’Empereur Guillaume II, du Konprinz et du Maréchal Hindenburg. Le château est fortement endommagé en octobre et novembre 1918.
Le domaine sera remis en état grâce aux dommages de guerre.
A la fin des années 20 et au début des années 30, le domaine devient un lieu de villégiature pour nombre de mondains de l’époque. Un élevage de chevaux ardennais sera créé pour préserver l’espèce. Suite à un contexte économique plus difficile et à une mauvaise gestion des affaires, la famille de Tassigny doit se résoudre à vendre le domaine.
En 1937, M. Boisson devient propriétaire du domaine, la famille le possède encore actuellement.
Lors de la 2nde Guerre Mondiale, le château sera successivement occupé par l’armée française (hôpital militaire), puis allemande (hôpital puis camp de transit : internement et identification pour les civils qui demandent à rentrer dans la zone interdite) et enfin américaine où des soldats seront cantonnés jusqu’en 1947.
Le domaine retrouve alors son calme. M. Boisson développe l’élevage de daims, l’exploitation piscicole et forestière.
Les 600 hectares du domaine constituent aujourd’hui un patrimoine naturel préservé.